Présence d’ombre

alejandra

Quelqu’un parle. Quelqu’un me dit.

Extraordinaire le silence de cette nuit.

Quelqu’un projette son ombre sur le mur de ma chambre.

Quelqu’un me regarde avec mes yeux qui ne sont pas les miens.

Elle écrit comme une lampe qui s’éteint, elle écrit comme une lampe qui s’allume.

Elle marche en silence.

La nuit est une vieille femme la tête pleine de fleurs.

La nuit n’est pas la fille préférée de la reine folle.

Elle marche en silence vers la profondeur la fille des rois.

De démence la nuit, de temps nul.

De mémoire la nuit, d’ombres toujours.

 Alejandra Pizarnik

Son portrait par mes soins