Impossible

impossibleJe ne pourrais, à moi seul,
porter un piano
(à plus forte raison ― un coffre-fort).
Ni coffre, ni piano, mon cœur,
mais comment le porter,
si je le reprenais.
Les banquiers le savent :
« Nous, les riches sans limites,
nous remplissons les coffres. »
J’ai déposé l’amour en toi ―
j’ai caché une richesse dans du fer ―
et je flâne,
joyeux Crésus.
Peut-être,
si l’envie m’en prend,
je retirerai un sourire,
un demi-sourire,
ou moins encore,
et à la fête avec d’autres,
après minuit, je claque
une quinzaine de roubles de petite monnaie lyrique.

Vladimir Maïakovski

Son portrait par mes soins

 Photographie réalisée durant l’exposition : – le Siècle du Jazz – en mars 2009  Musée du Quai Branly, Paris.