___ FERNAND POUILLON,  UN ARCHITECTE ET SA VILLE ___ 
En septembre 1995, la première exposition mondiale consacrée au maître est organisée à AIX-EN-PROVENCE par ARCHIPEL ARCHITECTES ASSOCIES. Elle présentait 93 planches des relevés d’ « ORDONNANCES » de 1953, et 25 photographies ( par Michel Antonietti )  sur son oeuvre bâtie dans la cité du Roi René,   durant les années 50.  Michel ANTONIETTI,  disparu le 25 mai 1997, rédigea une introduction   à  cette rétrospective. Un texte, qui  aujourd’hui encore, demeure d’actualité. 

OU SONT LES DESSINATEURS ?
J’avais vingt ans ou presque et je flottais dans la dérive des sentiments. Je venais d’entrer à l’école d’Architecture, les maîtres l’avaient désertée à l’exception d’une femme sculpteur professeur de dessin, que j’appelle encore aujourd’hui Maitre. Seuls y restaient quelques barons perchés, que les contingences, ou les amitiés ministérielles, avaient laissé là. J’aimais le jazz moderne, les photographies au Leica, et je croyais que seuls les architectes bâtissent les villes des hommes. Je courrais les librairies pour lire des livres d’architecture. Je n’en trouvais point, ce n’était pas dans la préoccupation des éditeurs. J’ai pensé alors que les villes étaient les livres que je ne trouvais point.  Avec cette idée simple, j’ai vogué jusque vers l’orient compliqué, et le sud des Amériques. Je suis revenu par l’Italie. A chacun son voyage. Toujours dans mon bagage mental, mon île belle, et Saint-Michel de Murato (**) . A chacun son Ronchamp. Les « MEMOIRES D’UN ARCHITECTE » sont venues à l’étalage des libraires. J’ai pour la première fois, lu le nom de Fernand POUILLON. L’ouvrage m’a obligé à chercher dans le dictionnaire, la signification du mot ordonnance. Il parlait aussi de beauté des proportions, de qualité technique de mise en œuvre, et de références explicites à une tradition classique comme dit Bernard Huet, d’intelligence constructive et de sens plastique comme dit Jean-Paul Louvet. Après la lecture des « PIERRES SAUVAGES » (*), j’ai couru à l’abbaye ; Monique ne m’avait pas encore instruit sur la règle de Saint Benoît. En poche, mon parchemin (*** ), j’ai posé mes tréteaux, modèle Léonardo. J’ai appelé Guy, et nous avons commencé là – Aix Song – notre vie difficile de bâtisseurs sisyphes. A nos interlocuteurs, nous demandions quel est le nom de ta maison comme on demande dans notre langue insulaire, quel est le nom de ton père. Evasives réponses, ou pas de réponse du tout. Plus tard, bien plus tard, Jean-Pierre Frapolli m’a prêté un exemplaire de « ORDONNANCES », objet de la présente exposition. L’idée que les dessinateurs de l’agence, quand elle est inemployée, relèvent des ensembles urbains et des édifices, me fait encore rêver. Cette merveilleuse tâche, intéresse-t-elle toujours les dessinateurs-architectes. Au fait, où sont les dessinateurs ? « Peut-être dans les agences de pub, ou chez les mécaniciens dociles », comme dit Guy ? Cette exposition voudrait leur dire qu’ils ont peut-être tort.
MA 1995

(*) « Les Pierres Sauvages » : => voir
(**) « Saint Michel de Murato  » : => voir
(*** ) Le parchemin : c’est ainsi que les Architectes diplômés des beaux-arts désignaient le documents officiel, académique, quasiment encadrable tant il était solennel, qui leur conférait leur titre officiel.

 Les 200 logements, photo Michel Antonietti 

 La Cité des Gazelles, photo Michel Antonietti 

  Le Stade, photo Michel Antonietti

Affiche de l’exposition  » Fernand POUILLON  un Architecte et sa ville  AIX -EN -PROVENCE »  à partir de l’ouvrage
« Ordonnance »