Les rideaux

Les rideaux.

S’ils étaient offerts et sans repli, les yeux
tomberaient à la renverse,
malades, exténués sans doute de trop d’horizon.
Comme les portes
dont ils sont la réplique souple, chiffonnée,
ils isolent et laissent passer.

Certains, parmi les gens,
tirent les rideaux en plein jour,
parce qu’il faut être séparé du soleil
pour mieux sentir comment les corps remuent
à faire l’amour.

[…]

À certaines heures,
les yeux des gens se ferment
pour éprouver le monde du dedans,
ils disent que c’est leur manière
de croire à une habitation,
ils disent aussi parfois le mot prière,
le mot refuge.

Avec eux, ils se fabriquent une porte
par où ils passent de l’autre côté.
on voit à peine leur solitude
quand elle s’étire d’une lampe à une autre
démesurément.

Dominique Sorrente