Léna

ARBRE[…] Jadis
ma bouche narguait le beau temps
alors que mes regards ne redoutaient rien tant
que l’ouragan de l’univers
Ignorant si j’étais une bête
un arbre
un homme
des vents absurdes me drossaient
mes bras en tous sens battaient l’air
et mon destin tombait comme tombent des pommes

Mais aujourd’hui
ô toi si pâle
parce que tu es mon ciel et le double miroir qui multiplie
les murs et verse l’infini dans ma prison
j’écoute le sifflet des nuages
je ne crains plus rien ni personne
[…]
Michel Leiris , « Léna » (extrait)