Initiation au crépuscule

VIDEOn est toujours sans nouvelle du soir
et c’est si peu à l’orée des visages
cette crainte à peine lue qui ondule le front
comme naître et puis s’éteindre en sursis
de l’écho

pourrai-je jamais tailler
la matière ténèbres assise dans tes pupilles ?

on est toujours sans nouvelle et pourtant
sous tes mains d’argile bleuie
se modèlent des sentiers brûlés d’orages
l’or s’élève des boues douces à l’approche de tes pas
je fraie avec les loups
somnolents en boules tièdes au seuil des maisons

on est toujours, dit-on, sans nouvelle alors pourquoi
frissonnent-elles pour un rien
ces campanules assoupies contre la poitrine
bourdonnante des forêts ?

le vent pose sur la toile
juste à l’endroit de ce vide habité par ton ombre

Florence Noël, DiptYque,
revue littéraire et artistique,
« Versant I : La part de l’ombre », juin 2010, page 76.