Doublement pervers

TEXTE DE PLAISIR | TEXTE DE JOUISSANCE

doublement pervers

Texte de plaisir : celui qui contente, emplit, donne de l’euphorie; celui qui vient de la culture, ne rompt pas avec elle, est lié à une pratique
« confortable » de la lecture. Texte de jouissance : celui qui met en état de perte, celui qui dé-conforte… fait vaciller les assises historiques, culturelles, psychologiques, du lecteur, la consistance de ses goûts, de ses valeurs et de ses souvenirs, met en crise son rapport au langage.

Or c’est un sujet anachronique, celui qui tient les deux textes dans son champ et dans sa main les rênes du plaisir et de la jouissance, car il participe en même temps et contradictoirement à l’hédonisme profond de toute culture et à la destruction de cette culture : il jouit de la consistance de son « moi » (c’est son plaisir) et recherche sa perte (c’est sa jouissance). C’est un sujet deux fois clivé, deux fois pervers.

Roland Barthes, Le Plaisir du texte.

Son portrait par mes soins