Domani domani …

 

La pratique immodérée de leur relation épistolaire leur avait fait redécouvrir le jeu des émotions. Mais ce n’était plus un jeu, c’était une nouvelle façon de vivre. Une dérive consciente des sentiments dans une quotidienneté méditerranéenne, celle des rivages bleutés du Mare Nostrum. Le verbe, son oralité dispensée, les avaient fait naître en un lieu identique, celui des songes partagés avec Homère, Platon, Pasolini, Antonioni, Fellini  …
Ils se promirent d’aller ensemble voir Vasari, Botticelli, Lippi, Caravaggio, Michelangelo, Chirico, Fontana… La péninsule n’était qu’à quelques encablures et le Libecciu persistant raviva cette promesse. Le départ était proche et, en ce presque début d’automne, il leur fallait dire leur monde intérieur partagé, cette nostalgie douce-amère de moments précieux et déroutants, cette présence des paysages austères et chatoyants aussi, animés de motifs et de personnages indus, cette impression d’errance dont ils tenteraient d’exiler la figure.

Domani domani …

G.AdC