Des abîmes naissent sous mes pas

abimes

Depuis que le désert est arrivé devant ma porte chargée de myrrhe et de questions
Et que la pluie a enfin trouvé assez de consistance pour répondre à mon visage,
Tu es partie, avec des rires autour du cou.
Maintenant, le petit jour se lève, pâle comme le couteau et le visage de l’assassin,
Perdu entre les siècles et les distances.
Il faut se réveiller, sauter du lit, plonger les yeux dans le bassin de la lumière.
Je bouge, appartenant au chœur des choses, serviteur des tables et des meubles, responsable des portes battantes, gardien du déluge qui monte entre le lit et le fauteuil.
J’ai accueilli les mots trop grands pour ma mémoire.
Des abîmes naissent sous mes pas.
Au sein du jour, je me jette à la fenêtre pour qu’elle saigne.
Jean Malrieu