Autant revivre en mon jardin 

qu’il faille des ombres
comme regain pour le désir
et l’enfant mené au large pour y croire

c’est certain

qu’elles fassent pleuvoir sur nous
toutes sortes de pétales enflammés
puis leur nuance innocente car pâle
au matin d’un cerisier du japon

autant revivre en mon jardin

que tant de mains roulent leur crasse
avides de matière avides de vêts d’or
sous nos yeux crucifiés, nos yeux si pauvres
dans le choix

que parfois nos corps
dans leur course aux aguets
soient précédés d’une lumière
distincte mais reliée
fuyant nos lèvres
honteuses presque de nos pas de vieille suie

aveu fait foi

mais quoi alors quoi
alors ?
n’y a-t-il de l’espoir en présence
si brève
qu’on peut désemparer ?

ou c’est ainsi et faibles
― si beaux en vérité ―
que nous nous dépolissons
d’avalanche en avalanche
de lumière

Florence Noël