L’avancée

Ne pas
gommer les traces
Ne pas
les laisser se dissoudre
dans l’informe

Marquer d’un trait
hautes et basses arêtes
puis laisser le chemin
sans poteaux ni clôtures
s’y dessiner tout seul

Les cimes les plus hautes
ont percé les nuages
La vallée n’est que brume
où résonnent tenaces
les bruits que font les hommes
au retour des battues

Je n’ai pas souvenance
du pays que tu dis
Je marche encore
sur des chemins de terre
Une ombre me suit
c’est celle de l’enfant que je fus
et qui s’éveille encore
en moi parfois la nuit

Il se peut qu’un rayon
plus ardu illumine
un ciel de strates grises
réveillant peu à peu
l’espoir de mots guéris
repartis plus confiants
dans leur marche en avant

Il reste encore des blancs
vierges de tout passage
Je n’y écrirai rien
qui puisse forcer le trait
ni brouiller le silence
Sans lui les mots
resteraient sans substance

Alain Helissen