Ajaccio, ou : L’indépendance de sa faculté de juger ?

« L’homme du ressentiment subit la colonisation en lui. Il n’est plus acteur : il est simplement « spectateur écrasé d’inessentialité ». Autrement dit, l’inessentiel le ronge et aura sa peau. Être rongé par l’inessentiel et croire à l’inverse qu’on a raison, qu’on détient le sens de la justice, tel est le leurre provoqué par ce sentiment déraisonnable. Ensuite, s’appuyant sur cet axiome erroné, l’individu est incapable de produire un raisonnement clair et objectif, une pensée critique qui témoignerait de l’indépendance de sa faculté de juger.
Si j’ai voulu aussi garder cette expression « ci-gît l’amer », c’est aussi pour faire écho à ce territoire de notre âme, assez inséparable du territoire bien réel de la société dans laquelle on vit, et de celui de la famille, ou plus précisément de l’enfance, ce territoire qui nous a vu grandir et vivre nos premières émotions douloureuses. Sur ce territoire, il faudra enterrer pour faire fructifier, trouver la juste mesure du refoulement, laisser de côté sans abandonner, avancer sans nier, s’ancrer en somme sans être prisonnier de l’appartenance.»

Cynthia Fleury