L’heure jaune ( en couleur pour la dernière fois… )

tu dis c’est l’heure jaune
cette coulée au revers des nuages
car là s’insinuent les ombres
plates
d’une promesse – cette antienne –
prélude pour l’attente
dans les alvéoles de ton silence
en cette fin d’après-midi
– ton silence ingéré –
l’attente s’y lasse

tu dis c’est ainsi
que vienne l’heure – l’eau
jaune
oindre la silhouette attentiste des hortensias
rose sous la ruée
d’or gris

l’heure grosse – penses-tu –
et c’est le jaune de l’heure que tu cherches
à renouer aux heures antérieures
les bottes cerise – la robe vichy
la parka cirée qui luit
les flaques égratignées de boues
sur la commissure
tant et tant de miroirs pour ce ciel
tant d’arbres dédoublés dans leurs cris
leurs bras jetés comme des brasiers
de tendre
à t’arracher l’amour de la gorge
l’amour prescient des enfants
de l’orage

jaune un peu trouble
tu ajoutes, l’heure est un peu trouble
mais si paisible avant les trombes
obliques qui bientôt
strieront le portrait de l’enfance
oscillant là
à mi-hauteur
entre glaise et braise
de cet air gommé des soirs

tu souris à l’épreuve
ce jaune c’est l’éternité qui s’attarde
un instant

alors la nuit couche son bec
dans l’herbe
sa nuque requiert
du moindre
la rose
et le mystère

Florence Noël, Solombre