Passager de la terre

Dans le quartier solitaire qu’on traverse en hâte
des volets qui se ferment sur des rires d’enfants
sur des voix très douces très proches

La tête d’une femme dans le bocal des vitres
aucun mouvement ne donne le sens de sa vie
La dernière étoile tombe de la fenêtre

comme une larme d’un œil clos
Un enfant lance du papier au ciel
crie dans le silence qui se fend

Une fumée lace le ciel au toit
le vent est si las
qu’il se pose sur la main
un baiser tombe de très haut
décroche des feuilles dans les arbre
une lampe s’éteint sans cri
au tournant de la nuit

       Lucien Becker