L’histoire des lunettes

Les « lunettes à nez » ou « lunettes d’yeux » ont été inventées en Toscane, entre 1280 et 1285. Il ne s’est pratiquement trouvé aucun philosophe ou homme de science qui se soit intéressé au sens de la vue et de l’optique pour mentionner, souvent par dérision ces petites lunettes, encore appelées lentilles : ni Marsile Ficin, ni Léonard de Vinci ne leur accordent d’importance. C’est surtout Giovan Battista Della Porta qui introduisit, dans la première édition de sa Magia naturalis (1589), tout un chapitre consacré aux verres convexes et concaves ainsi qu’a leur utilisation possible par les malvoyants.
Ainsi, à défaut de figurer dans un texte scientifique avant la moitié du XVIe siècle, l’importante distinction entre la myopie et la presbytie d’une part, et les « lunettes pour jeunes » et les « lunettes pour vieux », d’autre part, est parfaitement établie.
Si nous ne disposons d’aucun texte théorique sur la fabrication des verres des lunettes de l’époque, c’est en raison de la dépréciation chez des penseurs d’inspiration platonicienne du sens de la vue mais aussi par le mépris populaire qui considérait les binocleux comme des sots et des bouffons.
Rappelons qu’en France il faut attendre 1581, date où Henri III renouvela les brevets de maîtrise, pour que les miroitiers, les lunetiers et les bimbelotiers soient réunis dans une même communauté, et cela jusqu’à la suppression des maîtrises en 1776, où ils furent confondus avec les tapissiers, fripiers en meubles et doreurs sur cuir.
Jérôme Lamy, historien de sciences

« Les M’as-tu-vu » de Tibo Bérard

PHOTO : Lorgnon d’ Auguste Perret et son étui en cuir. – ©©Musée des arts et métiers- Cnam/photo Michèle Favareille
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