Les murs capitonnés

Philosophie =
l’art d’être dans la poésie.
L’art de ne pas se plaindre
d’être encore poète ;
de fonder les efforts
plutôt que de cogner Tête
aux murs capitonnés
de l’“immédiate actualité”.
Surtout : la tentative
indéfinie pour penser
aux raisons de sa destruction
par la littérature. La litt.
(Et poésie
densifie litt.
Non que l’oral
donne sens et vie à l’écrit.
Car l’oreille s’envoie des lettres.
Poésie le bon choix
de tout mot attaché
plutôt qu’attachant,
comme si les mots du procureur
s’effaçaient
et que l’exploration pouvait
aller.
Destin bizarre de l’homme exact ;
il dépasse les bornes.
Certains l’ont capté.)

Philippe Beck, « 42. Les murs capitonnés », Poésies didactiques, Théâtre Typographique, 2001, page 115.