Immigration zéro

 

Ou la question est celle-là d’une barque
à fond plat entre Ceuta et Gibraltar
s’y entassent Nourredine Cherifa
Zeth Abdellah Omar Rachid Djamila
et tant d’autres qui ont déchiré leur nom
ici mieux vaut n’être personne qu’avoir
un nom affligé par la soif écarlate
la barque glisse entre eau et ciel tous regardent
où noire va naître la ligne du dehors
j’aime que se lèvent des lumières ultimes
dans le désolé d’une langue de sable
malgré le barbelé de mots abjects comme
seuils de tolérance immigration zéro
reconduite à la frontière  (l’infamie
a des mains aux serres artistement vernies
pour tenir le registre des caillots de linge
que la mer avorte entre deux rouleaux d’algues)

– n’être pas et au risque de tout vouloir être
n’est-ce pas là aussi la question ?-                

Renaud Ego