Éxil

il reste à se souvenir du chemin
il reste à retrouver le passage
il reste à s’attacher de ces temps d’ici, calmes
quitte à perdre sa voix

mais je reste, échappée

un voile s’est déchiré depuis longtemps, il pend, calme
et me laisse en suspens
le désir de départ évanoui
englué de brouillard
reste une vibration sourde et ces temps d’ici, calmes
il ne fait pas vraiment nuit
c’est-à-dire pas vraiment
il fait semblant de jour
c’est-à-dire je me perds
c’est-à-dire ne pas dire
quitte à perdre la voix
il reste que je reste
avec un visage sans bouche
sans pourtant reconnaître le tranquille du temps
car il ne se peut pas
car il ne se peut plus, sans bouche
voix décentrée
sans…

sang
jusqu’au vide

Brigitte Mouchel