Elle, à Roma

Caminando a Roma, trittico per AngelaElle
avait tout oublié
de ce jour
tout ou presque
Et c’était février
le temps des fièvres froides
des lumières filandreuses
filtrant d’entre
les doigts nus des platanes
c’était le temps du Tibre
roulant des eaux
brumeuses sur les berges
c’était le temps des journées brèves
où courir les rues de la ville
se heurte aux limites de la nuit
tôt tombée
c’était le temps de la cantina
du Largo Argentina
à deux pas du Forum
de César assassiné
« Tu quoque mi fili »
les mots de la mort
roulent dans la gorge
César assassiné chavire
sous la lame acérée
qui lacère le cœur
Et il ne reste plus
que chats errants
sur champ de ruines
et fragments dépecés
de colonnes couchées
que nul n’interroge plus
C’était le temps
des déambulations
dans le passé détruit
de la ville en hiver.

Angèle Paoli / Le Lion des Abruzzes

Le Lion des Abruzzes, illustré avec des photographies de G.AdC est publié aux Éditions Cousu Main