Claude Diaz : « rien de plus abstrait que le réel »

 


DIAZ ça rime avec jazz
COLORISTE PLASTICIEN… ça rime avec médecin
Tentant d ‘anagrammer son identité, j’ai découvert des mots-valises tels que
COLZA + ILIADE + DOCTEUR
DOUZE + CORAIL + DELICATS
de beaux bagages pour parcourir le Mare Nostrum , celle de nos ancêtres, les siens, les miens, sans frontière. Lui-même, a été médecin de la même cohorte.
Maintenant, il cherche, démuni, empiriquement, mû par cette intuition qu’il ignore, en quête d’autre chose qu’un système, qu’une rédemption, qu’une vérité introuvable : lui-même. Il n’est pas jusqu’à l’exécution ardente de son travail qui ne témoigne d’une quête incertaine. Ici et là, sans raffinement mièvre, la brosse passe vite sur la toile, comme remplissant des vides, comme si la couleur pouvait bannir le rien.
Cet artiste, figuratif, abstrait, coloriste aquarelliste, que représente-t-il au juste ? Que peint-il ? Que veut-il saisir et montrer ?                     Or, plus directement que ses natures mortes, ses paysages révèlent une vision étrangement distanciée et vaguement angoissante, qui ne retient du monde que quelques éléments reconnaissables mais dépouillés avec soin de trop de détails précisément descriptifs ; parfois en arrière-plan, devant aussi, de sensuelles présences méditerranéennes et latines… Son patronyme indiquant sa parentèle avec le Médecin de Cordoue qui s’en serait allé parler Ladino – לאדינו – en échos au clapot du Bosphore.
Pour lui rien n’est abstrait même s’il n’y a rien de plus abstrait que le réel. Parce que voir est un acte de création qui abstrait la simple donnée phénoménologique. Peindre n’est qu’une transformation au sens nécessairement anticonventionnel de la vision. La re-présentation est forcément abstraite de la réalité, comme un hiéroglyphe ou un mot écrit avec les lettres de l’alphabet arabe ou hébraïque,  cette réalité porteuses d’une signification visuelle : l’idée tout simplement.                                                                                                                               Voir quelques-unes de ses toiles sur Facebook 

J’ai eu l’honneur de déguster avec lui en Kallisté d’ Homère, mon île , un délicieux Osso-bucco de ses mains confectionné, et d’achever un dîner arrosé, avec un pamplemousse pressé frappé, et généreusement noyé d’une Grappa d’Italie, en écoutant Coltrane ou l’ éthio-jazz de Mulatu Astatké qu’il me faisait découvrir après Ballaké Sissoko… Ils surgissaient de sa palette …
Son prénom androgyne et notre si proche complicité silencieuse, faisant dire à certaines que notre relation était ambiguë, espérant secrètement qu’elle ne fut que platonique, du nom de cet hellène théoricien des cavernes de notre civilisation. Il n ‘en a rien été.
L’amitié entre hommes a ses frontières, que l’art et les tourments des humains subliment.
Tobie Nathan pourrait avoir dit ça !

  • Guidu Antonietti / Aix-en-Provence le 25 juin 2016