Ce soir
Il est de retour de l’un de ses songes insulaires… Il vient de lire son message … Comme à chaque nouveau voyage rituel il a emmagasiné l’énergie nécessaire à l’ allaitement des souvenirs anciens et à l’accomplissement des désirs futurs et il est émue… mais par dessus tout il est heureux …
La veille il était dans son île… le temps y étais délicieux et la lumière chatoyante … Il peut confirmer que son pays est une œuvre d ‘art d’une ahurissante beauté … il accepte sereinement de ne jamais parvenir à en créer une aussi bouleversante… Il ne rivalisera pas avec les forces sacrés de l’ univers créateur …dans sa culture insulaire on vénère les dieux… mais on les redoute aussi …
Son île en effet est un présent céleste … il déplore de ne pouvoir encore lui offrir son incroyable spectacle …Un jour peu être il accomplira ce vœux… il est en passe de lui en faire la promesse !
Ce qui à l’instant lui importe c’est de lire sur son écran la suite de leur histoire… Pendant son absence il s’est échappé de la pensée à elle… elle n’a pu résister à l’irrépressible besoin de la poursuivre…elle a interpréter parfaitement toutes les indications qu’il lui a proposé pour la mise en forme des sentiments …lui est émerveillé …elle a anticipée ses désirs.
Il mesure avec fierté la compréhension qu’elle s’ applique à écrire… leur fiction au fil de leur nuits devient peu à peu réalité … elle a découvert un aspect inédit du plaisir…la jouissance des émotions fortes que distillent les mots… ils envahissent chaque jour ses pensées pour devenir des phrases …elles comblent l’avidités de ses sens …elle sait maintenant qu ‘écrire est une activité érotique sublimée.
Ce cadeaux est sa fierté …il lui offre cette découverte…c’est le témoignage de reconnaissance du maître envers le disciple … comme en une sorte de problématique inversée ..Elle lui permet de n’être plus virtuel… mais de plus en plus réel …elle est ce que la réponse est à l’appel …la juste parole qui va en susciter une autre puis une autre …comme dans ces joutes polyphoniques chantées par les bergers de ses montagnes …ces héritiers analphabètes de la dialectique platonicienne que Socrate Zorba professait avec ce verbe méditerranéen …
Depuis l’antique caverne cette ineffable plainte projette toujours ses ombres dans l’azur des cieux ultra latins…et à l’ère de l’internet elle et lui jouent encore avec la même pénombre …celle qui aujourd’hui se déplace dans l’univers à la vertigineuse vitesse de la lumière … de leur lumière métaphysique …Mais pour lui la transparence de la lumière vraie donne l’acuité nécessaire à son âme insulaire et la fougue vitale à son désir de vivre avec empressement.