Vieillir…

C’est entre septante et nonante


Qu’on voudrait prendre la tangente
Refaire des galipettes encore
Et tourner le dos à son sort.

Qu’on aime écouter les histoires
Tout en sachant qu’on est la poire
Des jolis rêves qui vous hantent.

Qu’on s’accroche d’une griffe affaiblie
Aux années qui n’ont plus de prix
Quand on voit le bas de la pente.

Qu’on tient le plus à ses pénates.
De l’asile pourvu qu’on vous exempte
Avant la dernière mise en boîte.

Allez les septante les nonante !
Cessez donc de broyer du noir
Car aujourd’hui l’âge vient tard
Vous êtes jeunets et les ans mentent.

Gaiement faites faire la culbute
L’amour ne vous a pas dit zut
Et soyez de ceux qui enchantent.

Faites honneur aux cochonnailles
Et empiffrez-vous aux ripailles
Et reprenez de ce qui tente.

N’avez point dit le dernier mot
Et si l’on vous prend pour des sots
Vous leur ferez voir qu’à nonante…

Allez les septante les nonante !
Allez les septante les… !
Allez les sep… !
Allez… !
Ahhh…
Fin.

Esther Granek