Traces

Comme rêver se déchire
vivre se déchire
cabri des neiges
laissant les traces de ses sabots nocturnes
sous la voûte de la mémoire

dans la paille plus faible
le souffle plus court
l’animal que rongent les vers
fixe son œil à l’ampoule son étoile

longtemps je tiens son nom
de pierre dans mon poing serré

longtemps
le givre sur mon cœur
noircit le jour

j’attends un signe venu de la terre
la verte marée du printemps
pour — dans l’herbe et la lumière —
laver mes mains — mes yeux — mes pieds —

Livane Pinet