Le vent démâte l’origine

À nouveau seul sur cette grève de mon nom, sans que tu saches le référent.
Tu es restée là dans le bleu du froid et le noir de ce mont qui a ses demeures,

Te retrouvant toi-même dans cet adieu où tu me quittes sans te retourner,
Et c’est qu’il me faut me relever le défi des cendres, le lait des morts et l’étoile,
Acheter de l’or et le collyre d’un missel, peut-être là me repentir.
Mais tous les silences se souviennent, et, lorsque le vent démâte l’origine,
Il y a mon amour et l’heure est à minuit encore la mort qui s’était parée
De chaque retour que le livre aura consenti de ces jours d’hospitalité.

Christian Gabriel/le Guez Ricord

 

 

« Né à Marseille, où il a vécu jusqu’à sa mort, Guez-Ricord incarne certainement le poète maudit de cette fin de siècle, à la croisée de Gérard de Nerval et Antonin Artaud. Comme eux, il connaîtra des séjours en asile psychiatrique, des périodes de délire, mais aussi, archange, la capacité par l’écriture de se sauver provisoirement (…). La difficulté de l’œuvre réside autant dans son propos que dans sa dispersion. (…) Cela témoigne d’une idée de la poésie qui se doit de ‘disperser à tous les vents’ ses proférations, et d’une représentation de soi sous la forme démembrée de quelque Orphée mystique, pétri de visions religieuses.. »