Malaparte / Capri

 La maçonnerie éblouissante qui s’élève sur la nudité du toit, un mur en courbe orientée – puisqu’il dessine un sourcil ou une arcade. Toit-atrium, un trou imaginaire le perce d’où monte la lumière intérieure de la villa Malaparte.

C’est son œil. L’œil de l’arcade. Godard l’enregistre lorsqu’il filme Paul, rêveur, assis sur le bord en châtaigner de la grande baie – on voit la découpe escarpée de la côte, les reflets de la mer, la clarté du milieu d’un après-midi d’été – mais la clarté du dehors ne passe pas la vitre, elle est prise dans le verre, il a une brillance d’effet spécial – le bleu marin est dans la pièce, exhalé par les murs, les fauteuils, les plinthes, les dalles – la pièce baigne dans un clair-obscur soyeux que seul s’entendait à rendre par les sons Lester Young. Chambre bleue, iris de l’œil dont sur le toit nous ne voyons que le blanc.

A Michel Piccoli

 

Jacques Jean Sicard / Extrait (le dernier) d’un texte en cours de fin : Souvenirs de La Maison Jaune.