L’obliquité de l’édifice équinoxe

Un inhabitable espace,
Un rêve engouffré dans l’embrasure d’une porte,
Tracé à la manière d’une Architecture de la parole.
Des mots dans le paysage,
Un paysage remodelé,
En vers et contreforts
En deçà d’un système
En un lieu de collage
En brut de décoffrage.
Deux beaux ouvrages :
Un vocabulaire de forme,
Une grammaire de style.
En guise de fondations :
Le parement d’un royaume,
La forteresse de la transparence
S’appuyant sur un entrelacs de briques,
Comparable à une nef appareillée
La carcasse renversée,
L’étrave en faîtière.
Syncrétisme de tous les arts,
Reconstitution de pyramides englouties,
Plainte de la pierre qu’on torture,
Souffrance d’une citadelle qui transpire.
Dans le fond,
Un fil à plomb sur l’horizon,
Le soleil à l’extrémité du fil,
L’obliquité de l’édifice équinoxe
Posé en pleine vallée du Nil,
Identique à la maison noyée sous le Niagara.
aux portes de Jericho,
Hiram régnant sur sa nécropole.
La portée irréfutable des cèdres de Salomon
Supportant les pelouses de Babylone,
Hercule écartant les colonnes,
Atlas en chapiteaux.
Sous le toit du temple des dieux de l’univers
Pas de façade, seulement des coupes
Montrant des refends jamais parallèles,
Des plates-formes hélicoïdales,
Elucubrations d’un Boullée en lévitation.
La cohorte des arpenteurs des cités historiques
Réunis depuis des millénaires,
Retrace inlassablement plans, coupes élévations,
D’une volumétrie sacrée, en porte-à-faux,
Au-dessus d’un précipice béant,
Où s’amoncellent les éléments d’une construction simple.

G.AdC