Les voix de l’air

 

Mais alors vient ce moment rare

Quand, sans que j’en trouve la cause,
Les petites voix de l’air
Retentissent plus fort que la mer et le vent.

La mer et le vent alors se soumettent
En soupirant, soupirant deux notes
De contrebasses, se contentent de jouer
Un accord ronronnant pour les petites gorges —

Les petites gorges qui chantent et s’élèvent
Dans la lumière avec une belle aisance
Et une sorte de surprise magique et douce
De s’entendre et de se reconnaître —

Comme ces petites voix : l’abeille, la mouche,
La feuille qui tapote, la cosse qui se brise,
La brise ondulant au sommet des herbes,
Le son perçant et rapide que fait l’insecte.

Katherine Mansfield, son portrait par mes soins 

VOIR AUSSI  => la solitude du joueur de contrebasse au moment d’écrire un  poème