A l’autre monde

Qu’il fait beau
Sur ces plateaux de déserts et de charmilles
Dans la désolation blessée des antres verts !
Qu’il est doux
De sentir la main savoureuse du ciel
Fouiller la place vide où se trouvait le cœur.

Là-bas des splendeurs de murailles
S’envolent les oiseaux frais
Trop velours pour être supportables
Qui résonnent des plis
D’un ciel gros bleu tout opulent de rayons morts.

Adorable ruban que la chair se déroule
Elle est morte ! et ruban d’infinis ornements
Des buissons de sexes blonds sur des vierges
Des membres mâles sur les flancs des femmes
Partout d’érectiles seins puissants
Font escorte dans la pleine lumière des allusions.

Moi qui courus d’un pied malheureux et tout nu
Je vois son œil qui ouvre la paupière de ton cœur.

Pierre Jean Jouve, « Hélène », Matière céleste [1964]
Pierre Jean Jouve par Serge Popoff – 2008